Je l’ai aimée vous savez. Comme n’importe quel enfant aimant sa mère je l’ai aimée. Tellement. J’ai des souvenirs merveilleux d’elle me prenant dans ses bras avant. J’ai des souvenirs d’elle me chantant des berceuses. Et j’ai tellement de souvenirs d’elle aimante que maintenant c’est douloureux. Vraiment.

Plus douloureux que de se décider de devenir animagus à dix-sept ans.

Plus douloureux que de se casser la jambe à Dumstrang et de boire de la potion pour faire repousser les os.

Plus douloureux que votre premier amour qui vous humilie devant toute l’école et qui finira à l’infirmerie avec la moitié du visage à refaire.

Parce que ma mère, ma tendre mère, cette femme sublime, elle ne se souvient pas de moi. Pas du tout. Elle ne sait pas que j’existe et la machination est grotesque. Ridicule. Papa dit que c’est pour son bien, mais je voudrais qu’on pense au mien un peu parfois.

Mais c’est pas grave. J’ai fait mon deuil.
Maman je t’ai aimée, mais je vais partir à Poudlard.
Maman je suis une sorcière.
Maman c’est moi qui ai défenestré Verdandi pour que tu me regardes.
J’avais six ans maman, pourquoi tu m’as fais ça.

A six ans, j’étais comme tous les autres enfants, ma mère ne savait que mon père était un sorcier, elle ne savait pas qu’il ne travaillait pas dans une banque moldue, mais sorcière. Mon père se demandait si j’hériterais de sa magie ou non, mais il ne m’avait rien dit à moi non plus. Il me racontait juste des histoires le soir, des histoires sur des sorciers talentueux, et sur des créatures fantastiques.

Mais maman est devenue folle.
Parce que j’avais fait de la magie.
Hystérique. Au point de pleurer à chaque fois qu’elle me voyait.

Et mon père il ne comprenait pas. Il n’avait pas été là. Il ne savait pas pourquoi ma mère me rejetait, pourquoi elle brisait les miroirs parce qu’on avait le même visage si ce n’est que j’étais blonde comme papa. Papa ne savait pas. Et Maman était brisé. Doucement mais surement elle s’était brisée.

Six mois.
Six mois avant que Papa craque. J’avais toujours six ans. Je voulais juste ma maman, et elle me rejetait.
Elle avait dit que j’étais un monstre papa. Parce que j’avais fais comme toi. J’ai fait voler ma peluche et j’avais animé les animaux sur les murs papa. Alors tu ne m’as pas demandé mon avis, ni le sien ? Tu m’as dis, c’est pour maman trésor, tu veux que maman aille mieux non ? Bien sûr c’est maman.

Alors j’ai dit oui.
Et maman m’a oubliée.
Je n’existais plus.
Adieu Freyja douce valkyrie.

Papa ment. Il ment même très bien. Je suis devenue sa nièce. Il m’a envoyé en pension pendant le primaire. A Dumstrang pendant le secondaire. Il voulait que je gère mes pouvoirs. L’été il m’envoyait dans sa famille. Je voyais plus maman. Presque plus.

Jamais de nouvelles.
On m’avait privé de mon enfance, de ma mère.
Je veux maman.
Elle ne veut plus de moi.

Je suis rentrée quand j’avais quatorze ans, ma tante et mes cousins partant en vacances sans moi, alors papa a menti comme il le fait si bien, et il a dit qu’il m’accueillait parce que mes horaires à l’école n’allaient pas avec les vacances de ma famille. Mensonge. Maman était toujours belle. Elle m’avait oubliée, elle avait abandonné. Elle n’avait pas vraiment chercher à se battre dans le fond. J’ai appris que j’avais une petite sœur Verdandi. Moldue. Cracmol comme on dit chez nous. Elle était belle. Mais elle avait les traits cassants de la Norvège, elle ressemblait à Papa avec des longs cheveux noirs. Je l’ai détestée. Parce qu’elle avait ce que je n’aurais plus jamais. Ma mère. Alors je l’ai poussé. Par la fenêtre. On est idiot à quinze ans. Elle ne marchera plus jamais la petite sœur.

Et le sort d’Oubliettes a cédé. Maman s’est souvenu.
Elle m’a trainée par les cheveux, elle m’a hurlée dessus, m’a accusée, m’a rejetée encore. Et ce qu’un enfant ne comprenait pas, à six ans on ne comprend rien, à quinze ans, c’est pas la même.
Elle me détestait. J’étais un monstre. Et elle me haïssait, elle voulait ma mort.

Et elle a oublié encore.
Papa est faible.
Papa est inhumain.

Il a fait croire à maman qu’on avait eu un accident. Verdandi a survécu. Pas moi.
Un tremblement de terre, l’étage qui s’est effondré.
Joli mon enterrement. C’est mon cœur et tes souvenirs qu’on enterre maman.

Papa me demande si je veux oublier. Oublier le traitement de ma propre mère, ses mots de rage, de dégout, cette haine qui l’habitait. J’ai dis non.
Papa a baissé les bras. Et Maman pleure une enfant morte et une autre estropiée.
Je suis désolée Verdandi. Tu m’as volée ma mère.

J’ai changé. Enfin je pense. Mes deux dernières années à Dumstrang m’ont changée. J’ai oublié Maman un peu, et j’ai grandi, muri. J’ai fais des bêtises aussi. J’ai voulu jouer les braves en devenant Animagus avant d’entrer à Poudlard. Idiote.

Il a fallu deux semaines pour que l’orage arrive. J’étais descendu dans l’ombre de ce bois près du lac, et j’avais bu la potion rouge comme le sang.
Mon sang.
J’ai hurlé. Je suis sûre qu’on a parlé des cris étranges dans ce bois. J’ai hurlé. Comme un enfant qu’on égorge. Je suis désolée, je t’aime Maman, pourquoi tu te rappelles pas de moi.
J’étais devenu un lynx. Blanc et dangereux. Comme ma personnalité.

Poudlard me libère. Un peu. Lorsque je découvre mon épouvantard, je ne peux que rire de moi hystérique. Je ne l’oublierai pas, elle, mais il est temps que je me libère un peu, que j’oublie cette mère si chère à mon cœur et ce père si faible.
Mais j’ai ma place à Gryffondor, et je brille. Douce étoile scintillante. Je suis le genre de personne que l’on remarque. Je n’abandonne pas.

Parce que tu vois Maman, moi j’ai refusé de t’oublier.
Je pense que tout est à garder.
Il faut se battre.
Tu ne l’as pas fait.
Et je t’aimais.