Le couvre feu venait de tomber, et il n’y avait plus aucuns étudiants dans les couloirs. Enfin, c’était l’heure qu’il attendait le plus, après que le jour ne soit tombé pour laisser place à la nuit. Il avait besoin de chasser, pour se nourrir. Et en journée, ce n’était pas possible ; à cause du soleil en premier lieu, mais également à cause de la chasse au vampire qui persiste au Royaume-Uni, et surtout dans le monde magique, bien que cette dernière soit interdite.

Cette semaine avait été particulièrement longue et déplaisante ; il n’avait fait attention à rien. Il devait faire attention à tout, en particulier lorsqu’il y avait des élèves ; ne pas léviter, car… Personne ne se déplace comme ça. Eviter les bougies, qui s’éteignent ou se rallument à son passage. Ne pas éviter de faux contacts, car sa peau est anormalement froide. Et surtout ; éviter les étudiants prêt à enfreindre les règles pour découvrir son secret. Surtout les étudiants de la maison Poufsouffle ; à l’image de leur directeur de maison, ils sont trop curieux.

D’ailleurs, il avait remarqué une étudiante. Belaqua Moana, une première année. Elle le regardait étrangement, et il se demandait si elle n’avait pas regardé quelque chose. Elle n’assistait pas à ses cours, mais c’est le genre de jeune sorcière qui s’inscrirait juste pour découvrir quelque chose, même si le cours l’ennuie à mourir. Il n’aime pas ce genre d’étudiant ; ils sont dangereux pour lui.

C’est sur cette pensée qu’il tourna au coin d’un couloir, saluant au passage le fantôme de la maison Serdaigle, la sublime Dame Grise. Il se demandait ce qu’il pourrait bien trouver à se mettre sous la dent cette nuit, mais après tout, l’avenir lui dira. C’est sur cette remarque qu’il s’apprêtait à se rendre dans le couloir où se trouve son bureau, avant d’entendre un bruit lourd, comme un corps qui s’écrase. Et de paroles peut délicate. Un étudiant était hors de son dortoir, en plein milieu de la nuit. Il faisait demi-tour, les pieds au sol cette fois, et finissait face… À la délicieuse Moana. « Il me semble que les Poufsouffle ne sont pas exemptés. Le couvre feu est valable pour tout le monde. » Il ne savait pas exactement ce qu’elle fichait là. Et ça lui était un peu égal, pour dire vrai ; il allait la raccompagner, et être sûr qu’elle y reste cette fois. « Je vais vous raccompagner jusqu’à l’entrée de votre dortoir, il serait bien dommage de faire une mauvaise rencontre avant d’aller au lit. » Le regard suspicieux, et lourd de sens, la mauvaise rencontre venait d’être faite. Il tourna les talons et la précéda pour la raccompagner, s’assurant bien qu’elle le suive. Et cette fois, il ne ferait pas l’erreur de léviter.

Un alibi ? Bah voyons… Judas ne relevait même pas ce détail. Elle était en dehors de sa  chambre, et l’heure était déjà tardive. C’est tout ce qu’il voyait. Mais il allait être sympathique ; c’était la première fois qu’il la voyait en dehors de son lit, et c’est une première année ; elle dit sans doute la vérité. Il allait simplement la raccompagner à la porte du dortoir Poufsouffle, et ce serait tout pour cette fois. En espérant que ça ne recommence pas.

Le long des couloirs qui les séparent de ce fameux dortoir, Judas ne prononça pas un seul mot. Il n’était pas quelqu’un de très bavard en temps normal, avec ses collègues ou amis, alors avec un élève… Il se contentait de faire ses cours, de répondre à d’éventuelles questions, et à récupérer les élèves courageux dans les couloirs en plein milieu de la nuit… Il pouvait paraître peu désagréable, mais de manière générale, il valait mieux rester dans son lit à ne rien faire que tomber sur lui.

La jeune Poufsouffle lui posa une question, qui le mit un peu dans l’embarra. C’était vraiment une semaine pourri. Si une étudiante devait savoir ce qu’il était, il pourrait être viré de l’école. Et il refusait que ça n’arrive la première année. « Il n’existe pas de sort pour léviter. » et c’est vrai. Ça n’a jamais existé, et pas sûr qu’un jour quelqu’un arrive à créer ça. « Tu as certainement dû rêver, je marchais normalement. Je ne fais juste pas de bruit. » Grâce à Dieu, il avait toujours sa cape, celle que les professeurs doivent porter durant leurs cours, au même titres que les élèves. Celle-ci glissant sur le sol, il pourrait certainement faire oublier ce point à la jeune femme.

« Quel est le numéro de votre chambre ? Demain matin j’informerai le directeur de vôtre maison de vôtre escapade nocturne. » Pour sûr, la maison Poufsouffle perdrait des points. Mais bon… Il fallait y penser avant. Il savait déjà comment le directeur de la maison adverse allait réagir, et au fond de lui, c’était l’hilarité générale.

Il va la tuer ? Eh bien, si Judas savait que le directeur de Poufsouffle faisait un tel effet à ses propres élèves, il lui aurait demandé des cours pour sûr ! En attendant, elle devait tout de même être punie. Mais c’était la première fois qu’il la trouvait dans les couloirs, contrairement à un bon nombre des étudiants de sa maison, et elle ne lui a pas raconté de bêtises –en tout cas, c’est ce qu’il espérait–. « Bon, très bien. Pour cette fois seulement, je garderai ça pour moi. » Du grand Judas. Et puis, s’il pouvait éviter d’adresser la parole à Aidan… « Cependant, je veux être clair sur ce point ; si je vous retrouve une fois encore dans les couloirs à cette heure, vous écoperez d’une punition. » Pas donnée par lui, bien sûr. Mais par le grand maître des Poufsouffle.

Sur ces dernières paroles, il se décida à prendre congé de l’étudiante, faisant demi-tour bien plus vite qu’il n’était arrivé ici. Il espérait vraiment que cette étudiante de première année n’allait pas lui apporter plus de problème à l’avenir ; c’était une première année, et passer ses études à Poudlard pour se faire surveiller la plupart du temps n’est pas quelque chose de concevable.

Il retournait en direction de l’étage trois, là où, au bout du couloir, se trouve la tour d’astronomie. Il allait jusqu’au bord, posant ses mains sur la barrière. Les yeux clos, il semblait se sentir mieux, prêt à attaquer le premier être vivant qui passerait. Il était cependant trop faible pour sauter à une telle hauteur, et devait se résoudre à passer par la grande porte d’entrée. S’assurant qu’il n’y ait personne derrière lui –lol– il ouvrit la porte et se prépara à sortir, déposant sa cape près de l’entrée pour ne pas être ennuyé lors de ses déplacements disons le… Rapide. Alors, il franchit la porte en bois épais, et sort, en la laissant ouverte derrière lui pour pouvoir rentrer rapidement et sans bruit.