Le cours venait de finir et je ne savais pas vraiment quoi faire, j’avais pris mes affaires et avais pris un chemin différents de celui de mes amis. Je ne savais pas vraiment pourquoi mais je n’avais pas envie de les suivre et même si je ne voulais pas l’avouer, je savais qu’à cette heure-ci je pouvais croiser mon frère dans les couloirs. Je l’avais déjà vu au loin un autre jour mais je n’avais pas pu aller lui parler puisque j’étais retenu par quelqu’un. Mais j’étais bien décidé cette fois et je comptais bien le voir. Enfin, je dis être décidé mais même dans ma tête mon excuse est juste de ne pas vouloir les autres pour le moment. D’un côté même si j’adore qu’on me porte de l’attention et même si j’aime beaucoup voir d’autres personnes j’aime être seul. Mais la preuve que je ne veux pas forcément être seul et que lorsque je vis mon frère au loin, je ne pu que m’élancer à sa rencontre.
Honnêtement, mes réflexions me semblent si contradictoires et si puériles, mais en même temps je ne peux m’empêcher d’avoir ces pensées. Alors je les laisse de côtés pour le moment et me concentre sur Xiao Yue et lui attrape le bras en essayant de ne pas lui faire mal.
“Xiao Yue ! Tu m’évites ?” Je le dis en rigolant mais je pensais vraiment qu’il m’évitait. Mais si je voulais pouvoir lui parler il fallait bien que j’essaie au moins d’être sympathique sinon c’était peine perdue. “Est-ce qu’on peut un peu parler ? Ou simplement passez un petit moment ensemble ? A moins que tu ne sois occupé ?”
J’étais assez timide pour quelqu’un d’aussi extraverti que moi, on pouvait peut-être voir le malaise, mais je faisais au mieux. C’était tout de même mon frère, je devrais pouvoir être plus à l’aise ! Je lui souriais donc espérant qu’il n’ait pas un cours ou un rendez-vous quelconque.
“You're some freaky shit, my brother. You really are” ― J.R. Ward, Lover Eternal
Reverie marchait tranquillement dans le couloir, des livres de sortilèges qu’il avait emprunté serré contre son torse, sa sacoche de cours déjà remplie avec ses propres livres de même que tout son matériel scolaire. Il avait deux heures de temps libre juste avant le temps du midi et il avait décidé de faire un passage à la bibliothèque pour essayer de trouver les équivalences en sortilèges informulés de ceux qu’il voyait en cours. Et comme toujours à chaque fois qu’il marchait dans les couloirs ou empruntait les escaliers centrales, il faisait tout pour essayer de garder son don en ordre, tentant par tous les moyens de supporter ces vagues d’émotions qui l’agressaient à chaque instant de la journée. Il avait commencé peu à peu à réussir à atténuer son ressenti, mais comme toujours, il ne pouvait arrêter de ressentir les sentiments des autres, il pouvait juste éviter de les ‘recevoir’ de plein fouet, plutôt comme une mer calme, dans laquelle il nagerait sans se focaliser sur quelque chose. Mais peut-être qu’il aurait du. Oui.
Parce qu’il aurait pu éviter cette main autour de son bras, et son mouvement de surprise tandis que ses livres tombaient au sol dans un bruit mat. Bien sûr. Il avait trop baissé sa garde et Li Ming, Lysander de son nom occidental venait de l’attraper au vol, sa curiosité presque malsaine le frappant en plein fouet. Son petit frère. Il avait la beauté de sa mère, il avait la beauté des O’Nell dans sa silhouette longiligne et sa peau parfaite sans parler de ses cheveux clairs encadrant parfaitement son visage. Mais son visage partageait des traits avec le sien. Et si on disait souvent que Reverie était beau, à côté de son frère qui avait hérité du sang vélane, et qui l’avait réveillé, celui-ci se pavanant dans le château en le clamant presque, à côté de lui oui, il n’était pas grand chose. « Xiao Yue ! Tu m’évites ? » Oui. Il aurait voulu répondre ça. Mais il ne fit que lui lancer un simple regard, essayant de ne pas tiquer sur son nom chinois qu’il prononçait sans mal, sans savoir les souvenirs que ça lui évoquait de son côté. Se dégageant de la main de son frère, plus grand que lui en taille, il ramassa ses livres avant de se tourner à nouveau vers le garçon qui n’avait pas bougé.
« Est-ce qu’on peut un peu parler ? Ou simplement passez un petit moment ensemble ? A moins que tu ne sois occupé ? » Et le quatrième année de Serpentard ne put s’empêcher d’hausser un sourcil à la question, le sarcasme voulant clairement se montrer dans un sourire sur son visage. Parce qu’à son habitude, Lysander cherchait plutôt à le fuir ou ne pas être vu à côté. Mais Reverie n’eut pas de rictus sarcastique ou méchant, parce que ce qu’il ressentait du côté de son frère, c’était de la timidité, du malaise, et comme une envie de se montrer comme quelqu’un de bien à ses yeux. Oserait-il ? Il n’avait rien à perdre, ou juste encore une fois être déçu de n’être perçu que comme une bête de foire par le plus jeune.
« Je n’ai rien jusqu’au déjeuner. » Il avait finalement décidé d’agiter sa baguette, faisant apparaître les mots dans les airs dans des étincelles d’argent. Et même s’il acceptait de rester en la présence de son frère, son attitude restait clairement sur le qui-vive, hostile même, craignant une énième magouille, un énième commentaire qui le ferait se détourner de Lysander encore une fois, et se sentir stupide de lui avoir accordé un peu de son temps et de sa confiance.
J’étais vraiment mal à l’aise, à un point où même en voyant ces affaires tomber, je n’ai rien su faire d’autre que le regarder sans savoir ce que je pouvais faire. Je l’aurais bien aidé mais mes réflexes dans cette situations étaient totalement inexistants, alors je lui parlais, en essayant de rester neutre et je fus vraiment content d’avoir une réponse de sa part même si ce n’était qu’une phrase écrite dans l’air. Je savais qu’il ne parlait pas et que ce soit vrai ou non, ce n’est pas comme s’il allait se mettre à parler d’un seul coup. En tout cas j’avais une réponse et positive qui plus est. Je m’estimais donc heureux et lui répondait avec un sourire. Je ne m’attendais pas vraiment à cette réponse, bon il ne me disait pas qu’il serait ravi que l’on parle ou mange ensemble mais c’était un bon début. Surtout que au vu de mon attitude habituelle, il aurait très bien pu me dire d’aller me faire foutre.
“Super, um ça te dit qu’on marche un peu ou on peut aller quelque part si tu veux. Et..”
Je lui aurais bien proposé de manger ensemble mais ce serait peut-être trop, et quand bien même il serait d’accord, rien n’assure que l’on soit à l’aise, et passer tout le repas sans parler ou en étant mal à l’aise n’est pas vraiment quelque chose que j’aimerais.
“Enfin, on verra… Si tu as des choses de prévues ensuite.. Enfin, voilà.”
Ah j’avais vraiment l’impression de ne pas être à ma place mais je savais qu’il fallait que je tente quelque chose car si je ne faisais rien, on ne pourrait jamais avancer et je ne pourrai jamais avoir une bonne relation avec mon frère. J’ai eu mes torts et je le regrette assez, assez pour vouloir me réconcilier avec lui. Ca n’arrivera pas rapidement mais il faut bien que je tente et que j’apprenne à être patient. Il faudrait aussi que j’arrête de trop réfléchir et que j’agisse un peu parce que s’il lisait dans mes pensées, je pense qu’il serait en train de se moquer de moi. Bon, on peut au moins essayer de faire une conversation basique.
“Si tu veux on peut faire un tour dehors ou simplement rester dans les couloirs. D’ailleurs tu as quoi après ? Mis à part le déjeuner je veux dire.”